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du corps #2

C’est votre nouveau rendez-vous. Un temps pour se poser, réfléchir, s’inspirer. Tous les deux mois, la journaliste Amandine Grosse rencontre une figure inspirante autour d’une question de femme qui fait corps avec notre époque. La femme, ses représentations, le corps, sa place, son histoire, son langage, sa sexualité, … Dans le deuxième volet du Courrier du Corps, Amandine a rencontré l’historienne et chercheuse Audrey Millet, auteure de Les Dessous du maillot de bain (Editions Les Pérégrines). Ensemble, elles se sont penchées sur le sens et la portée de cette pièce singulière.

Audrey Millet

Sous le maillot, la révolution des corps ?

Se mettre en maillot de bain. Cette phrase à priori anodine dévoile des sentiments ambivalents, quels que soient son gabarit, ses courbes, son estime personnelle et ses convictions. En dépit des discours positifs, l'appel à la confiance, le corps à soi pour soi, se dévoiler autant revêt un sens plus grand : entre libération, épreuve, plaisir, pudeur, fierté et injonction… Et si ces quelques centimètres de tissus en racontaient des kilomètres sur la femme ? Et donc sur vous ? L’une d’entre elles a consacré 245 pages à cette masterpiece estivale. Historienne et chercheuse, Audrey Millet a eu l’idée de son ouvrage : Les Dessous du maillot de bain (Editions Les Pérégrines), sur une plage. “Je me suis lancé un défi : remonter le fil du maillot. Et j’ai découvert des choses incroyables.” De l’Antiquité à aujourd’hui, cet habit porte en lui bien plus qu’une émancipation, qu’un vent de révolte ou qu’un culte du corps. On perçoit sa portée politique et sociale. Et par-dessus tout, ce volet intime qui rejoint la dimension publique : “Le maillot de bain témoigne de la manière dont la peau a été rendue publique. Il dit aussi comment le corps féminin est apprécié ou déprécié.”

« En dépit des discours positifs, l'appel à la confiance, le corps à soi pour soi, se dévoiler autant revêt un sens plus grand : entre libération, épreuve, plaisir, pudeur, fierté et injonction. »

Ensemble Vue mer noir

À L'ORIGINE DU MAILLOT SE SITUE LE CORPS


Car pour parler du maillot de bain, il faut se replonger aux sources de la baignade. Pas d’eau, pas de maillot. “L’analyse de la baignade dans les mythologies gréco-romaines indique au moins trois peurs : celles de la mort, de la femme et de la nudité. Considérée comme biologiquement inférieure jusqu’au XIXème siècle, la femme est encadrée. Les hommes ne pouvaient pas fermer leurs yeux ni leur morale. On recouvrira alors les femmes.” m’explique Audrey Millet. Tandis que l’eau attise les craintes et revêt un caractère mystérieux et dangereux, les progrès scientifiques et technologiques vont donner un nouveau corps aux femmes. “ Grâce aux sciences, on maîtrise les bateaux face aux dangers de la mer, on se rend compte que l’eau est bonne pour le corps et la peau et l’on comprend que la femme n’est pas l’ennemie de l’homme.

À partir de là, il va falloir donner un ordre social à la plage pour que ce ne soit pas un lieu de perdition. On tente de lui donner des qualités urbaines avec les restaurants et les cafés." Et le corset, si longtemps vecteur de corps identiques (taille de guêpe et hanches élargies), va-t-il changer la donne à mesure qu’il se raréfie ? “La disparition progressive du corset au XIXème a pour corollaire une exigence nouvelle de perfection du corps, pèse-personne à l’appui, et l’essor des tailles standards S, M, L. Moins lesté, plus découvert, c’est ce corps en construction qui s’invite sur les plages. Le règne de la minceur féminine débute.” On le constate rapidement dans l’histoire des femmes : derrière l’émancipation se cachent d’autres injonctions. “On libère la femme mais on lui dit par ailleurs : ton naturel est laid. Il va falloir le transformer. À chaque fois que la femme est visible, elle est scrutée. » analyse l’historienne. La police du regard, menée par le patriarcat, est dans un même temps contrée par une quête d’appropriation du corps par les femmes. Le maillot de bain fait une révolution silencieuse face aux conditions de domination. “Il exacerbe les systèmes sensoriels puisqu’il dévoile la peau, la nudité et l’effort corporel dans un cadre public.”

« On libère la femme mais on lui dit par ailleurs : ton naturel est laid. Il va falloir le transformer. À chaque fois que la femme est visible, elle est scrutée. »

Bain de minuit vert

L'HABIT FAIT LA FEMME ?

Par un discours non verbal, le maillot de bain redéfinit-il les frontières de l’égalité entre hommes et femmes ? “Le littoral est bien plus qu’un laboratoire de la mode, il est le laboratoire des libertés individuelles, de l’appropriation de son propre corps et du féminisme. Ne serait-ce que visuellement, le corps féminin est presque introuvable pendant des siècles. Enfermé, caché, couvert, réduit au silence, il apparaît désormais dans sa véritable silhouette.”

Au fil des époques, le maillot se réduit. Dans les années 1930 le modèle deux pièces, nombril recouvert, se popularise et se diffuse au-delà de l’hexagone. Il passe du tricot aux fibres synthétiques et au latex, plus gainant. Le bronzage devient un sport, et subitement le soleil perd de sa dangerosité aux yeux des médias qui en font un signe de bonne santé. En 1946, le premier bikini tel qu’on le connaît aujourd’hui, fait l’effet d’une bombe atomique (pour reprendre les mots de son créateur). Le corps apparaît tel qu’il est mais dans un même temps, s’hypersexualise. La moitié du XXe siècle diffuse en masse les images de pin-up et les femmes en bikini alanguies sur des capots de voitures.

Mais aujourd’hui, à l’heure du corps pour soi, de la nudité comme vecteur de singularité, du plaisir féminin,... Quelle place tient le maillot de bain ? “Aujourd’hui, le rapport à l’intime est en apparence extrêmement ouvert. On peut parler de tout : du post-partum, des règles, des complexes. Si c’est une bonne chose, cela incite néanmoins à sur-analyser nos corps. Avec en filigrane, une certaine injonction à s’aimer soi-même.” temporise l’historienne.

« Aujourd’hui, le rapport à l’intime est en apparence extrêmement ouvert [...] Si c’est une bonne chose, cela incite néanmoins à sur-analyser nos corps. Avec en filigrane, une certaine injonction à s’aimer soi-même. »

Mood

LA PLAGE, TERRITOIRE DU BIEN-ÊTRE

L’épreuve du maillot de bain s’affiche encore à la une des magazines, juste au-dessus de : Objectif summer body. Celui qui, malgré des luttes acharnées contre l’invisibilisation du corps féminin, nourrit la beauté normée. De cette épreuve, peut-on en sortir vainqueur ? “Plutôt que d’être source de complexes ou de jugements, les moments en maillot de bain peuvent devenir des occasions de réappropriations de son propre corps.” En effet, à se replonger dans les sensations de l’été, je me dis que rares sont les moments, les espaces, où l’on voit son corps à la lumière du jour, si proche des éléments et de la nature. Vulnérable mais vivant. “Nous n’avons pas l’habitude de dévoiler aux autres autant de chair. Très peu d’entre nous se rendent au bureau en maillot ! Le problème, ce n’est pas le maillot de bain. L’enjeu, c’est le cadre.

La plage est un lieu réservé, non pas aux apparences, mais au bien-être et au repos. Les défauts sont finalement communs à tous et à toutes. Sur la plage, il n’y a pas de filtres Instagram. Ni de place aux personnes trop habillées. L’équilibre est de mise.” En maillot, en tenues estivales, ne sommes-nous pas, plus qu’ailleurs, sur un pied d’égalité ? “Oui, on socialise beaucoup plus facilement, on sourit, on rit avec l’autre. Dénudé.e, nous sommes plus aptes à aller vers les autres. C’est le temps du tutoiement, du plaisir, du présent.”

Audrey Millet conclut son ouvrage en replaçant la mise à nu du corps en maillot dans un retour à la nature, au vrai, à l’art de ralentir et à se reconnecter : “Il s’agit bien d’un retour à la réalité, à la matérialité corporelle et aux sens dont il ne faut pas avoir peur. Dans la lignée des mouvements de réappropriation et d’acceptation de son corps, le maillot de bain pourrait bien prendre une portée politique qui renverserait le caractère futile ou sexiste qui lui est attaché. Le maillot de bain comme symbole féministe, et pourquoi pas ?” Je demande à l’historienne si le maillot n’est finalement pas le seul vêtement qui ne nous pousse pas à tricher ? La liberté réelle d’être soi-même, sans oublier les plaisirs qui s’y rattachent : la mer, la nage, les sens en éveil, la paresse, la douceur du temps, la tête qui se vide, le cœur en mouvement ? “En réalité, c’est le meilleur ami de la femme. »

« Le maillot n’est-il finalement pas le seul vêtement qui ne nous pousse pas à tricher ? La liberté réelle d’être soi [...] En réalité, c’est le meilleur ami de la femme. »

Les dessous du maillot de bain, Audrey Millet

LES DESSOUS DU MAILLOT DE BAIN

Audrey Millet

Audrey Millet a consacré 245 pages à cette masterpiece estivale.
De l’Antiquité à aujourd’hui, de la peur à l’égard des femmes à leur émancipation.
Du corps caché et corseté aux courbes hypersexualisées.
Du patriarcat à la réappropriation de son corps…
Nous avons plongé dans le bain d’une révolution du corps, des sens. Et des femmes.

Sous le maillot, la révolution des corps ?
À lire et à partager au soleil, sous les nuages, chez soi, en bord de mer, ou en terrasse.

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