LE CORPS À CŒUR
Donner la voix,
à Caroline
Cette année, à l’occasion d’Octobre rose, nous avons choisi de faire un pas de côté.
Ne pas prendre la parole, mais la donner. Créer un espace où les récits et les corps puissent se libérer.
Nous avons rencontré quatre femmes touchées par le cancer du sein.
Aujourd’hui, c’est Caroline, 44 ans, qui choisit pour Ysé de se raconter, à coeur ouvert et corps découvert.
Quelle est ton histoire avec le cancer du sein ?
Lorsque je suis tombée malade et que j'ai dû faire face à la mastectomie, pour me préparer psychologiquement j'ai eu besoin de voir des photos et de comprendre à quoi mon corps ressemblerait dans le futur, malheureusement, je n'ai trouvé que peu de choses… Participer à cette opération c'est montrer ce que l'on ne voit pas et parler du cancer afin qu'il ne soit pas tabou !
Concernant mon rapport à mon corps , il est peu ou prou le même que mon rapport à la vie. Il est dans l'acceptation, de mes 8 kg en plus du fait des traitements, de ma transformation capillaire et de mes cicatrices, celle de la mastectomie et celle de la chambre implantable.
Aujourd'hui je me sens fière de ce que je suis, d'avoir réussi à mener ce combat, à surmonter la difficulté et l'intensité des traitements et d'être toujours vivante.
Plus rien n'est pareil, tout a plus de saveur et tout est plus fort.
Je sais que cette "aventure particulière" m'a renforcée, permis de prendre de la hauteur sur beaucoup de situations.
Je n'envisage pas de reconstruction pour l’instant car c'est un long et nouveau parcours, qui représente beaucoup d'opérations notamment pour obtenir un nouveau corps acceptable aux yeux des autres et effacer les traces de cette maladie. Je ne suis pas certaine aujourd'hui d'avoir envie de les effacer et je suis heureuse de me trouver belle avec !
Le conseil qui t'a aidé et que tu souhaiterais partager à toutes les femmes atteintes de cancer ?
Quand on risque sa vie, on se rend compte qu'elle est précieuse, que notre famille et nos amis sont essentiels et que nous devons parfois nous mettre au centre pour être en mesure d'être là pour les autres dans un second temps.
Être extrêmement entourée a été une des clés de ma rémission. En plus de mon cercle premier, j’ai aussi rencontré l’association Jeune & Rose, collectif de patientes entre 20 et 45 ans, elles-mêmes touchées par le cancer du sein. Le fait de partager une histoire commune nous rapproche et nous permet de nous comprendre très facilement. Pour boucler la boucle si l’on peut dire, j’ai choisi aujourd’hui de m’engager et de devenir bénévole pour Jeune & Rose et ainsi à mon tour prendre part à la lutte contre le Cancer du sein.
Enfin je conseillerai à toutes les femmes l'auto-examen mammaire chaque mois et le dépistage dès que quelque-chose de différent apparaît, que ce soit de l'ordre de la fatigue, de la douleur, d'une modification de notre corps… Le cancer chez les femmes de moins de 45 ans est encore mal dépisté. Un cancer pris au début est un cancer qui se guérit mieux normalement et évite souvent la mastectomie. Vive la vie !
Aurais-tu une recommandation artistique qui traite du cancer, que tu aimes particulièrement ?
Mon livre de chevet au début du cancer a été le livre d’Emilie Daudin, “Dans mon sein”. Il m’a permis de me projeter sur toutes les étapes qui m’attendaient et de me sentir rassurée.
Le film “Une nuit” d’Alex Lutz est un des premiers films que j’ai vu en étant malade. Je l’ai trouvé fabuleux d’amour et de délicatesse.
J’ai également dévoré la série “Dying for sex”, que j’ai trouvé troublante de réalisme et incroyablement interprétée.
J’ai assez peu écouté de Podcasts, ce n’est pas mon canal préféré, néanmoins ceux des "Pipelettes”, créés par Jeune & Rose sont très adaptés à ce que l’on vit, lorsque l’on a un cancer à 42 ans.
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