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La danse,
un mouvement intérieur

Pour accompagner notre ligne de vestiaire de sport, nous avons fait appel à des spécialistes des mouvements du corps. Elles nous ont décrit leur rapport avec leur corps, leurs conseils, leurs inspirations. Nous vous les transmettons à travers une série d’articles et d’entrevues que nous avons pu mener. Pour ce troisième volet, nous avons discuté avec Fabienne Haustant, fondatrice de l'association Danse les yeux fermés. Elle nous a parlé de son rapport intime à la danse et de son besoin de créer.

Fabienne Haustant

Fabienne Haustant, danseuse de toujours

Pourrais-tu te présenter ?

Je m’appelle Fabienne Haustant, je suis danseuse professionnelle et fondatrice de l’association “Danse les yeux fermés”. J’ai une particularité, c’est que je suis malvoyante (c'est pour ça que j'ai de super lunettes) : j’ai une rétinite pigmentaire. Je suis une passionnée de danse et ce que j'aime faire le plus c'est transmettre.

Comment as-tu rencontré la danse et quelle place a-t-elle eu dans ta vie ?

Je pense que je suis née en dansant parce qu’au fond de moi, je savais qu’il y avait quelque chose. Mais c’est seulement à l’âge de 13 ans qu’on a su que j’étais malvoyante. La danse m’a permis d’arnaquer tout le monde et de faire croire que je voyais super bien. Au bout d’un moment, ça ne marche plus parce que les gens pensent que tu es bête. Le jour où j’ai appris que j’étais malvoyante, je me suis dit “ok, je ne suis pas bête, je suis juste bigleuse. Mais j’ai le droit d’être ce que je suis”.

La Folies Pigalle était ma première expérience professionnelle, j'avais 16 ans : je voulais réaliser mon rêve qui était d'être danseuse. C'est mes convictions qui me font avancer : on a le droit de se tromper, c'est même très important car c'est l'erreur qui permet de se réajuster. J’ai une envie, c’est de faire avancer mon monde, celui de la danse. En tant que personne handicapée malvoyante, j’ai vu tout le bénéfice sur ma vie, parce qu’on vit dans une société de clichés. Si on est aveugle, on ne pourrait pas faire plus que répondre au téléphone ? Aujourd’hui une personne handicapée a des diplômes, peut faire des hautes études. Tout ça, c’est lié à l’envie.

« Je suis une passionnée de danse et ce que j'aime faire le plus, c'est transmettre. »

combinaison en équilibre noir

Parle-moi de ton association Danse les yeux fermés.

 Moi j’aime la danse, je porte haut et fort mon handicap, sans en faire mon cheval de bataille. Alors au lieu de râler contre les injustices ou traitements différents qu’on essayait de m’imposer, je me suis dit « crée ! ». Donc en 2012 j’ai créé mon association Danse les yeux fermés.

Toi, valide, moi, handicapée, ça ne fait pas de moi une Wonder Woman et de toi mon sauveur. Parce que nous allons nous côtoyer, tu vas m’aider à grandir et je vais t’aider à ouvrir les yeux sur le fait que le handicap n’est pas une fin en soi. Et au contraire c’est le métissage qui permet de grandes choses.

Le fait que tu sois malvoyante a-t-il créer un rapport à ton corps particulier ?

Quand j'ai appris que j'étais malvoyante, j'ai compris pourquoi la danse, dans ma vie, est extrêmement importante. La danse m'a permis d'affronter beaucoup de difficultés. Quand on a une passion, on peut déplacer des montagnes. La danse appartient à tout le monde. On est tous danseur. Tu marches, tu vis, tu respires, tout est chorégraphié mais on ne s’en rend pas compte.

« A partir du moment ou vous acceptez qui vous êtes, vous avez une liberté de corps. »

Ysé Capture vidéo Mouvement Libre

Comment se passe tes cours ?

Ce que j’affectionne le plus c’est danser avec des gens qui arrivent dans mon cours en disant « moi j’ai jamais dansé, j’ai pas le niveau », ou des gens qui ont pris 1 million de cours mais je me sens plus à l’aise avec ça. La solution c’est : met le bandeau. Le bandeau ne veut pas dire « je suis malvoyante et je vais vous emmener dans mon monde de malvoyante ». Le bandeau permet un regard sur soi.

Quels conseils donnerais-tu a quelqu'un qui souhaite se reconnecter à son corps ?

Il faut être en paix : accepter tout ce qui vous arrive. La vie est un combat. Elle est faite de bonheurs et aussi de coups de poings. Les plus forts seront ceux qui sauront lâcher prise, qui créeront une protection autour d'eux. Cette protection c'est ce que vous voulez au fond de vous, ce que vous êtes.
A partir du moment ou vous acceptez qui vous êtes, vous avez une liberté de corps. J'ai souvent tendance à dire :
« soyez égoïstes pour aimer les gens ». Parce qu'il faut s'aimer soi pour aimer, donner et transmettre aux autres.
Rester authentique, c'est le plus important.

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